Extrait de “Ou bien ?”
Il y avait si longtemps !
Oui ! Enfant déjà, je rêvais de me raconter ma vie, de suivre un filet d’encre couché sur du papier. Ensuite aussi, lorsque j’étais étudiant, l’envie était encore venue. Peut-être même avais-je acheté un cahier comme celui-là ? Je ne sais plus.
Après ? Les femmes, surtout celle-là, qui vient de partir ou que j’ai mis dehors (quelle importance après tout, de savoir à cause de qui, de quoi tout cela a commencé). Oui, ces femmes ont effacé ce désir de m’écrire une histoire car elles me donnaient et me prenaient tout !
C’est revenu un peu avant qu’elle ne parte. Même que je me suis dit — c’est idiot de se dire des choses comme ça : « C’est un signe… » C’était dans un grand magasin. Nous marchions chacun de notre côté, chacun dans ses étalages et l’on se croisait parfois des paquets entre les bras. Je voulais m’acheter un nouveau stylo-plume et c’est en sentant cette odeur de papier frais, cette odeur d’écolier que je me suis dit : « Tiens, si j’achetais un beau cahier en toile, comme celui sur lequel maman faisait ses comptes. » J’exagère à peine. C’était un désir plus diffus, cela traînait dans l’air comme une odeur de cigare un lendemain de fête.
Ensuite ? Tout s’est passé assez vite. Le désir de rien, l’envie de rester au fond du lit jusqu’à ce que la faim m’en extirpe. Ou bien était-ce le désir de prendre le temps de voir le chemin parcouru ? Le besoin aussi, sans doute, de savoir s’il y avait eu un véritable chemin.
Tout s’était arrêté là. J’avais acheté ce nouveau stylo, mais j’avais laissé le cahier sur le présentoir et nous avions repris le cours de notre vie, ou plutôt, chacun avait retrouvé la sienne. Car il y avait déjà deux vies.
On se croisait, on se parlait, on se faisait l’amour, entre deux voyages. On se dissimulait. Chacun préparait la suite, sans le savoir, tout en sachant, au fond, là où il n’y a plus de rêve, qu’il faudrait partir ailleurs. Mais on ne voulait pas se l’entendre dire. On se disait même — parce qu’on en parlait durant ces longues nuits d’été où l’on cherchait le sommeil à défaut de l’amour — on se disait même : « C’est peut-être une chance, il nous faut trouver une autre manière de s’aimer. »
Tout était déjà dit !
Depuis longtemps, nous parlions beaucoup pour dissimuler que nous nous ennuyions un peu et que nous n’étions pas tout à fait suffisant l’un à l’autre. On se fermait à l'autre ou à soi-même, je n’arrive pas à me souvenir. Cela paraît déjà si loin ! Comme je voudrais pourtant retrouver maintenant ces longues nuits sans sommeil et la douce chaleur de la tente. Mais les regrets sont inutiles.
Cela a duré encore quelque temps comme ça, sans véritables heurts ; six mois, un an peut-être. Comment savoir quand ou à quel moment cela a vraiment commencé ? Est-ce que cela avait vraiment commencé ? Cette fracture n’était-elle pas présente dès le premier jour, la première nuit ? Est-ce que tout n’était pas déjà dit dans ce premier regard, dans ses yeux qui me demandait tant ? Je m’égare, je ne suis pas venu pour parler d’elle, et si elle vient un peu de moi, c’est justement cette partie-là que je veux fuir. Non, si j’ai décidé de me suivre à la trace, c’est parce que j’ai aujourd’hui peur de me perdre, de me diluer dans… je ne sais pas. C’est aussi à cause de ce temps qui est là, de ces journées qui n’ont pas de fin. Ou bien encore parce que la volonté n’est plus la même qu'au début. Avant, il y a quatre ou cinq ans, si je voulais courir les mots c’était pour montrer, pour prouver que je valais autre chose qu’une simple mouche qui tourbillonne bêtement dans le ciel de la rue. Aujourd’hui, c'est autre chose : je devine que nous sommes cinq milliards à nous agiter sur l'écorce terrestre, que tout cela n’a pas beaucoup d’importance, que les gesticulations d’un nanti n’apporteront rien au monde.
Elle est encore partout. Je découvre que c’est elle qui a acheté ou qui m’a fait acheter la plupart des meubles qui emplissent cette maison. Moi, je n’avais envie de rien, j’achetais n’importe quoi. C’est un peu grâce à elle que je me suis mis à regarder les objets comme autre chose que des objets. Avec elle, les meubles, la vaisselle, les montres, les bijoux avaient une histoire. Elle en parlait pendant des heures, se plaisait à supposer, tentait de comprendre les intentions de celui qui les avait fabriqués. Parfois, cela devenait même un sujet de dispute. Quand elle n'en parlait pas, elle promenait ses mains dessus, les entourait d'attentions, de caresses. Un peu plus et j'aurais été jaloux.
Ce qui est dur, ce n’est pas tant de l’imaginer dans les bras ou dans le lit d’un autre mais c’est de retrouver ces souvenirs, ces traces derrière chaque chose. Et ces jours qui s’étirent, qui ne commencent jamais et ne finissent pas, me laissent seul avec ces images. Le fauteuil, nous l’avions déniché à Quimper, chez un vieux vannier qui liquidait sa boutique. On l’avait trimballé dans le train, sous l’œil faussement réprobateur du contrôleur. Cette table, si brune, presque noire à force d’avoir été cirée depuis des siècles, nous l’avions trouvée à Saint-Ouen sous un tas de livres déchirés, un dimanche, en fin d’après-midi. On venait à peine de se lever !
Je me revois, j’étais aimant, ravi d’obéir, de partir au moindre mot, si désireux d’être félicité quand je réussissais un coup ou mon célèbre pot-au-feu à la queue de bœuf. Je me revois aussi, bien avant de la connaître, quand je la croisais dans la rue. Je suivais ses hanches du regard et me sentais plein d’amour déjà. Je riais de joie, battais des bras comme un oiseau qui cherche à s'envoler, dansais d’un pied sur l’autre en rêvant de ses yeux clairs, de sa bouche humide. Je lui parlais pendant des heures, seul comme aujourd’hui, en marchant dans la rue au son de mes pas innocents. J’imaginais déjà la suite, ne sentant plus mes jambes qui me portaient d’un bout à l’autre de la ville, le temps d’un rêve. Elle ne reviendra pas.
Il faisait si froid ce matin que j’ai préféré déjeuner dans la chambre. Le téléphone a sonné à trois reprises. Je n’ai pas bougé. Je m’imaginais mal, en caleçon, au milieu du couloir dans ce courant d’air glacial qui rôde dans la maison depuis hier soir et qui rêve de s’agripper à ma gorge. Non, je suis mieux dans mes draps, enterré sous un matelas de couvertures brunes récupérées dans des trains au court de ces innombrables voyages vers le sud. Et, comme j’ai encore oublié de brancher le répondeur, le cri du téléphone résonne dans toute la maison, se glisse sous la porte de la chambre et file sur moi enfonçant son couteau dans ma tête. Ça sonne encore…
J’ai fini par me lever et j’ai branché le répondeur. Je ne veux pas qu’elle appelle ; je ne veux pas entendre son ton désolé et mielleux : « C’est moi ! Je te rappellerais plus tard, quand tu seras plus disposé. » Ou bien : « J’aimerais juste récupérer ce livre de… » Cette voix de haut-parleur grésillant, cette voix de nulle part aurait gâché ma journée.
Le ciel est collé à la vitre, laiteux. C’est comme un drap blanc que l’on aurait tendu entre deux immeubles, donnant une lumière presque lunaire. Mes pieds, installés dans la tiédeur de la couette, ronronnent de plaisir. Il n’y a pas de meilleur endroit pour observer le monde : un lit avec un bout de vue sur l’extérieur, un coin d’immeuble, une cheminée orange, quelques cages habitées, protégées par des rideaux transparents. Rapidement, le cadre de la fenêtre disparaît et je suis comme un oiseau qui volerait entre le drap blanc et la rue. Une vue plongeante sur la douce agitation matinale d’un dimanche matin qui peine à s’énerver.
Je suis passé à l’agence immobilière. Ils viendront voir l’appartement demain matin. Il faut que je la prévienne, que je lui dise pour les meubles. Elle prendra ce qu’elle veut, je m’en fiche. Mais elle ne voudra rien, j’en suis sûr. Elle n’aime pas trimballer des souvenirs. Quand elle est arrivée chez moi, elle n'avait qu'une malle en fer remplie de livres et un gros sac à dos de vêtements.
J’ai débranché le téléphone, je ne veux plus écouter ces messages absurdes qui me pourrissent la vie. Je reste dans la chambre, à ma table ou sur le lit, les bras derrière la nuque. Les images viennent, s’impressionnent sur le plafond blanc. Au milieu de ce bouquet de souvenirs, je retrouve son visage, la flamme rouge qui sortait de ses yeux, ses joues un peu pâles, ses jambes lisses où j’aimais à me perdre. Puis je m’assoupis doucement. Les images se figent, les sons deviennent lointains, assourdis. Brusquement, je suis réveillé par un bruit, une douleur dans le ventre, un courant d’air qui lèche ma peau. Le soir est déjà là ; je n’ai pas senti ma journée. Je suis enrobé d’une étrange fatigue, celle qui vient quand on a trop dormi, qui engourdit les membres et l’esprit. Je marche à côté de mes jambes, mes gestes sont maladroits, imprécis. J’erre dans l’appartement en attendant le retour de la faim.
Au Grand Vigne.
Je l’avais presque oublié. Il était au fond de la valise et je ne le regardais pas. Il était fermé, inerte, n’attendant qu’un signe de moi pour m’ouvrir ses pages blanches. C’était aussi parce que je n’avais pas envie de parler, d’écrire des mots pour dire d’écrire des mots. J’y ai pensé souvent comme on pense à une jeune fille qu’on a envie d’appeler mais qu’on n'appelle pas parce qu’on se dit qu’on a bien le temps et aussi parce qu’on ne sait pas quoi lui dire. Et, ce matin, j’ai retrouvé ce désir, celui de l’encre qui glisse, du soleil qui éclaire la feuille, celui aussi, peut-être, de regarder au-delà du vide.
Maman a préparé un gros gigot. Nous avons à manger pour quatre jours ! Pourvu qu’elle ne fasse pas cuire le poulet demain.
Le matin, je me promène dans la campagne. J’emmène avec moi ce vieux César qui traîne la patte comme d’autres leur roulotte. Le reste du temps, je suis dans la chambre et si peu dans le salon, au grand désespoir de maman. Je suis mon absence de désir, traîne dans mes pantoufles, grattant quelques restes de soleil avant l'emportement de l'hiver.
Pour une fois, elle ne pose pas trop de questions mais ses yeux s’emplissent de doutes. De pudeur aussi. Elle, pour qui j’étais le roc de la famille, le seul qui ne s’était pas infecté le sang au Bourbon ou qui ne s’était pas encore laissé emporter par ce désespoir fébrile qui habitait mon père ! Je la vois qui se dit, au fond de sa chambre en se regardant dans la glace, l’œil tombant doucement vers sol : « Il est peut-être comme les autres finalement… le plus proche de son père, en un sens… »
Elle se fera une raison ! Elle y avait cru, ma mère, elle y avait cru. Elle s’était accrochée à cette image, à ma réussite, comme à la dernière branche d’un arbre généalogique un peu dégarni. Elle était fière de voir le nom ou les initiales du fils tant aimé au bas d’une feuille de papier journal. Au début, elle mettait ces pages dans un album. Puis, à force, elle s’était habituée à ce phénomène un peu bizarre et n’avait plus besoin d’avoir ces signes devant les yeux pour y croire. Jusqu'au jour où... Elle ne l’a pas vu venir, celui-là. Elle n'a pas senti, derrière les yeux neutres de son fils, qu'il repartait en arrière. Je la soupçonne de sortir, en secret, dans l’ombre de sa chambre, de sortir cet album poussiéreux pour vérifier qu’elle n’a pas rêvé. Dans ses mains, le papier froissé, jauni, couleur de rêve. Un bien mauvais rêve.
L’appartement de Paris ? Il est vendu, ou presque. Nous avons séparé nos avoirs en deux tas, un gros et un petit, puis chacun est venu se servir, à un jour d’intervalle. Un jour d’intervalle dans une vie, c’est quoi ? C’est quoi un jour d’intervalle dans l’éternité d’une séparation ?
Sous le calme apparent d’un repos hivernal, les questions apparaissent. Elles me surprennent alors que j’épluche les pommes de terre ou encore lorsque je me dirige vers ma chambre en faisant semblant de bailler pour masquer un ennui que je crois trop visible. Des questions bêtes, ces questions sans réponses, sans fin. Elle voudrait savoir si ça va, si je ne me laisse pas prendre par les temps morts, si les autres, ceux qui téléphonent pour offrir du travail, ont encore besoin de moi. Je hausse vaguement les épaules comme pour dire que cela n'a pas beaucoup d'importance et ses yeux se chargent d'une inquiétude grandissante. Elle replonge dans son ouvrage, vers sa cuisine, son livre. Patiemment, elle attend un moment plus propice, un geste, une confidence pour prendre son envol de mère.
Le ciel est gris, d’un gris terne mais profond et l’envie est venue, brusquement. J’ai quitté la table, laissant ma mère et le poulet dans leurs tristes silences. Je n’ai rien dit. Je me suis levé, d’un air décidé et elle a tourné la tête, pour cacher sa peine sans doute.
Je redécouvre ma chambre, celle de toujours, mon coin de table, ces murs sales mais vivants, l’odeur de la campagne qui me rappelle nos vacances de Noël, la douce humidité de cette époque où l’on ne chauffait qu’avec du bois.
Pour retrouver cette odeur de maison humide où se mêlent les saveurs de la cire vieillie et celle du salpêtre, je prends soin chaque matin de couper le radiateur et chaque soir je découvre que le thermostat est au plus fort. Il ne faut pas que j'attrape froid !
Dans une semaine, je retourne à Paris. J’irais chez Joris, au moins les premiers temps. Ensuite ? On verra. J’ai beau imaginer toutes les possibilités, l’avenir saura trouver la seule que j’avais ignorée. Depuis cinq ans que je joue à ce jeu-là, j’ai toujours perdu. Par exemple, avec Fabienne, quand nous avions décidé de retourner à Fécamp parce que nous ne nous parlions plus à Paris, j’avais tout envisagé. Je m’étais dit que nous coucherions peut-être ensemble dès le premier soir ou qu’après un dîner bien arrosé, en tête-à-tête, sous les lumières tamisées d’un restaurant du bord de mer, entre le couchant et la nuit, l’un de nous déciderait de repartir pour Paris en laissant l’autre seul devant deux assiettes. J’avais imaginé qu’elle prendrait ma main sur le quai de la gare, en signe de reconnaissance, pour ne pas prendre mes lèvres. À force d’imaginer, je sentais déjà l’air de la mer sur mon front, j’entendais le bruit de mes pas sur la grève, l’odeur écœurante des grandes marées d’automne. Je m’étais dit des tas de choses. J’avais passé deux jours à me nourrir d’images absurdes, de suppositions, mais jamais je n’aurais deviné qu’elle ne viendrait pas seule. Qu’elle emmènerait avec elle une amie et qu’avec cette amie… Non, je n’avais pas pensé à ça !
D’ailleurs, quand je veux fuir un malheur je m’y prépare, je l’imagine en me disant que, justement, il n’arrivera pas parce que je l’ai prévu. Mais souvent il contourne mon imagination et me prend à revers.
Les questions deviennent chaque jour plus pressantes, plus précises : « Tu ne travailles sur rien en ce moment ? » Ou encore : « Tu es sûr que ça va ? » Parfois, alors que nous allons nous coucher, elle me glisse, entre deux embrassades maternelles : « Si tu veux parler… » Alors oui, je parle. De la toiture, du repas du lendemain, de celui de la veille, de ces roses qui restent vaillantes malgré le froid, de ce temps où nous marchions tous ensemble dans la campagne après le dîner. Elle écoute, mère trop fidèle, attendant tranquillement un silence de moi pour revenir à la charge : « Pourquoi ne prends-tu pas contact avec cette agence qui t’appelait tout le temps ? »
Dans l’air de la campagne, cet air si chargé de tout, je la revois encore plus précisément qu’à la ville. Ces bouffées de souvenirs ne me font plus mal. Elles me bercent, simplement.
J’ai envie de partir, de m’enfoncer dans la ville. Envie de me frotter aux passants dans le métro, sur les ponts, courir les avenues bordées de platanes, retrouver cette foule, ces bruits, ces cris. Suivre au hasard les jambes des passants, me laisser glisser sur une vague humaine.
Par moments, le silence de la campagne me fait perdre la tête ; c’est comme si mon corps se vidait peu à peu de toute son énergie en se diluant dans l’air lisse du soir. S’il n’y avait pas ma mère à qui j’ai promis de rester jusqu’à dimanche, je serais déjà reparti vers ces rues bourrées de vie invisible. Ces rues où j’aime me perdre à la nuit tombée, jusqu'à ce qu'apparaisse sur le sol l'ombre de mes pas. Je rêve de bistrots, de flot humain, de talons aiguilles. Je suis déjà là-bas.
J’ai marché toute la journée. Un fort vent du nord courait sur le sol, faisant par moments voler un nuage de terre. Il entrait en moi, violemment. Je le respirais, le buvais. Il m'emportait ailleurs, loin de cette campagne si plate. Il s'engouffrait dans mes poumons, les rafraîchissait, me donnant l'illusion d'être un oiseau ivre.
Sa trace ne s’efface pas. Dans ce parfum de campagne humide où l’air rouge de l’automne enflamme le paysage, je lui en veux encore plus. J’ai envie de glisser en elle, de couvrir son corps de caresses, de sève ; la maintenir sur le lit, son visage collé au mien jusqu’à ce qu’elle fonde. J’ai aussi envie de la voir pleurer, souffrir d’amour, ruisselante, quémandant un sourire ou un baiser de moi. Je la veux à genoux, suppliante. Sa tête sur ma main, ses lèvres tendues, accrochées à mes yeux. Tandis que la blancheur du soleil matinal inonde la chambre, je revois son visage épuisé d’amour, ses lèvres bouffies de baisers, son cou tendu, ses mains agrippées à mon corps. Sur sa joue, une larme glisse doucement, se suspend un instant au coin de sa lèvre et elle me demande pardon. Ma main replonge dans son corps, les larmes se mêlent à la sueur tiède, donnant un goût de trop sucré à toute la chambre.
Je prends le train ce soir. Dans son grand manteau gris, maman me conduira à la gare. Elle ne pose plus de questions indiscrètes. Elle préfère me voir devant le feu, un livre à la main. Juste sentir la présence de l'enfant, son odeur, le craquement rassurant de ses pas sur le plancher du salon.